Abstract
Que la philosophie ancienne ait bénéficié de certains raffinements méthodologiques dus à la philosophie analytique n’est guère mis en question, même par ceux qui ne s’en réclament pas. À la grande époque de la philosophie analytique, certains de ses meilleurs représentants étaient encore fort versés en histoire de la philosophie et appliquaient leurs compétences analytiques à ce qu’ils considéraient comme des problèmes centraux chez les auteurs anciens. Cet article suggère à travers deux exemples que, s’agissant de Platon, cette attention n’a pas eu seulement des effets revigorants, mais également déformants. Dans le premier cas, la méthode diérétique si chérie de Platon a été marginalisée par d’éminents philosophes analytiques qui l’ont considérée comme triviale et inintéressante. Dans le second cas, le problème de l’« auto‑prédication » des Idées, qui est celui de savoir si les Idées sont des entités qui possèdent les propriétés qu’elles représentent, a été considéré d’une importance décisive pour la théorie platonicienne des Idées. À cause de ses conséquences supposément désastreuses, mentionnées une unique fois dans le Parménide, on a pensé que Platon avait renoncé à cette théorie sous sa forme classique. Au cours des dernières années, l’importance de la méthode diérétique a été réévaluée et celle du problème de l’auto-prédication réduite à de plus justes proportions. Cela ne diminue pas la valeur des contributions des philosophes analytiques à l’étude de Platon, mais signifie seulement qu’elles doivent n’être acceptées qu’avec précaution.