Vie, science de la vie et monde de la vie : Sur le statut de la biologie chez le dernier Husserl
Abstract
Dans son étude intitulée « Aspects du vitalisme », Georges Canguilhem se plaît à rappeler les dangers de l?indistinction des frontières entre le savoir biologique et la spéculation philosophique, soit que la philosophie reprenne à son compte une partie du savoir biologique positif ou de la conceptualité biologique, soit que la biologie prétende s?élever, à partir de son savoir et de ses concepts, à des considérations d?ordre philosophique 1 . Canguilhem écrit ainsi, tout d?abord à propos du philosophe : Il est bien difficile au philosophe de s?exercer à la philosophie biologique sans risquer de compromettre les biologistes qu?il utilise ou qu?il cite. Une biologie utilisée par un philosophe, n?est-ce pas déjà une biologie philosophique, donc fantaisiste ? Et, plus loin, à propos du biologiste : Le biologiste vitaliste devenu philosophe de la biologie croit apporter à la philosophie des capitaux et ne lui apporte en réalité que des rentes qui ne cessent de baisser à la bourse des valeurs scientifiques, du fait seul que se poursuit la recherche à laquelle il ne participe plus. [?] Il y a là une espèce d?abus de confiance sans préméditation 2 . Dans les deux cas, donc, celui des deux savoirs qui prétend s?annexer ou s?élever à quelque chose de l?autre compromet ce dernier et perd lui-même de sa solidité épistémique. En même temps qu?elles visent des personnalités scientifiques tout à fait précises