Abstract
Cet article analyse la place occupée dans les parcours de vie par différents événements historiques de la période transitoire entre l’époque soviétique et postsoviétique. Il s’appuie sur deux terrains de recherche : un conduit en Russie auprès de familles d’au moins trois générations, l’autre – en Allemagne auprès de migrants arrivés en tant que Juifs de l’espace soviétique. L’article montre que dans les récits, les différentes dates officielles de l’époque ne sont pas réellement distinguées, mais traités davantage comme un seul événement, ne se décomposant pas en éléments distincts. Nous proposons de distinguer trois types de discours biographiques en fonction de la place accordée à la période dans les parcours de vie. Le premier type de discours peut être qualifié d’anhistorique car il tend à ignorer les changements macrosociaux. La deuxième façon de mettre son parcours de vie en récit consiste à présenter la période transitionnelle comme une rupture, causant une bifurcation individuelle. Enfin, certains de nos interlocuteurs qualifient la transition d’une parenthèse, en rapprochant à travers leur vécu la période soviétique et postsoviétique