Abstract
Pour aborder la signification de la méthode de l'interprétation de Spinoza en rapport avec ses conceptions philosophiques, il nous a semblé utile d'analyser d'abord quelques concepts des plus fondamentaux de cette interprétation : signification (significatio), sens (sensus), vérité (veritas). Puis on a envisagé la méthode de l'interprétation elle-même ; mais seulement d'une façon assez formelle. Cette méthode a été étudiée dans sa relation avec la recherche philosophique ; elle semble constituer une méthode rationelle, qui diffère pourtant de la recherche philosophique par la spécifique de son domaine. C'est également la raison qui est mise en œuvre ici, mais alors comme „raison critique”. On a montré que cette „raison critique” ne se contente pas d'une enquête purement philologico-historique, mais cherche à retrouver la vérité spécifique du contenu de l'Ecriture (une „ vérité morale” par opposition à la „vérité mathématique” de la philosophie ; ce qui constitue en même temps la différence entre les deux). Spinoza accentue fortement l'importance de la rationnalité de l'interprétation de l'Ecriture, parceque cette rationnalité exclut tout arbitraire dans la compréhension de l'Ecriture, et résulte selon lui en cette thèse qu'elle n'enseigne aucune spéculation, mais uniquement une morale religieuse. Ceci signifie une tolérance absolue de la religion vis à vis de la philosophie (démontrer cette thèse constituait un des objectifs majeurs dans la recherche de Spinoza). Le rapport entre la méthode et ses résultats (selon Spinoza) a été ressenti par nous comme un certain cercle : Une méthode propre ne pouvait être développée par Spinoza, que sur la base de l'indépendance du domaine de l'Ecriture ; mais le propre de ce domaine n'est entrevu (tout à fait) que si l'on découvre par cette méthode même le noyau résultant de l'Ecriture. Sporadiquement, on a recherché enfin la possibilité d'une telle méthode de l'interprétation chez le philosophe Spinoza.