Abstract
Ni notion psychologique, ni catégorie religieuse, la conversion est, dans le commentaire d’Henri Gouhier, un concept d’histoire de la philosophie, dont la pertinence consiste à la fois à souligner la singularité d’une œuvre et à restituer la culture de l’époque étudiée. Troisième voie entre le personnel et le collectif, entre l’original et le galvaudé, la conversion inscrit un auteur dans son temps tout en révélant sa force d’innovation. C’est dans son analyse des Pensées, et plus largement de Pascal, que Gouhier donne la preuve du caractère heuristique de cette thèse, sans laquelle le projet d’un philosophe, les choix qu’il accomplit, les modèles qu’il réfute ou adopte, resteraient incompréhensibles. On ne peut ainsi qu’être étonné de voir ce concept de conversion disparaître lorsqu’il s’agit pour le commentateur d’étudier les œuvres de Fénelon et de Descartes, où la conversion semble pourtant jouer un rôle prégnant et significatif.