Abstract
D'un philosophe comme de l'autre, on peut dire qu'ils sont tous deux, dans l'horizon contemporain, des penseurs de l'amour. Tous deux s'inscrivent en faux contre la réduction de ce dernier à la sexualité, mais, tout autant, contre sa réduction inverse, plus ancienne, à une forme de mystique éthérée de type platonico-chrétien qui a pu se formuler sous le terme d'agapè. Nous nous proposons dans cette contribution d'étudier la pensée de J.-L. Marion en adoptant l'hypothèse d'une « unité théo-phénoménologique » de son questionnement. Nous faisons usage du terme « théo-phénoménologie » en référence à l'approche de l'œuvre du philosophe et théologien grec Christos Yannaras, et souhaitons ce faisant rendre justice à l'avancée de J.-L. Marion en situant son geste philosophique singulier à la lumière de la théologie orthodoxe du Christianisme grec oriental telle qu'elle est elle-même renouvelée philosophiquement par C. Yannaras. Jean-Luc Marion and Christos Yannaras are both well-known as contemporary love-thinkers. Both refuse the reduction of love to sexuality as much as its older opposite reduction to a form of platonic christian mystics sometimes named agapè. In the following contribution I wish to examine Jean-Luc Marion's approach while making the hypothesis of its « theo-phenomenological » unity. Since the expression « theo-phenomenology » is used in reference to the work of the contemporary Greek philosopher and theologian Christos Yannaras, I aim at doing justice to Marion's philosophical thrust by putting his conception of love in the light of the Orthodox theology of the Eastern Church as it is nowadays philosophically renewed by Yannaras