Abstract
Mon objectif dans cette contribution est d’explorer la pratique phénoménologique en jeu au sein même des descriptions de Michel Foucault. Un tel travail dépasse la portée d’un examen unique et ponctuel et supposerait de mobiliser les champs expérientiels multiples qu’a observés et traités Foucault de l’intérieur : la prison, la clinique, la sexualité. Il sera ici circonscrit à ce que je crois être le noyau de la pratique en jeu. Ce que Foucault nomme de son côté « le souci de soi », « la pratique de soi » ou encore « la technique de soi », et c’est ce qui permet de mettre au jour la conception foucaldienne du sujet comme soi. Pour ce faire, je vais parcourir le Cours de 1981-1982 en suivant le fil conducteur des occurrences du thème de l’attention. Pourquoi cela? Je suis guidée, dans ce parcours, par l’hypothèse selon laquelle l’attention (plus que la réflexion qui est retour sur soi et clôture, donc en définitive objectivante) est, pour la phénoménologie, le nom concret, expérientiel, pratique de l’ épochè, c’est-à-dire de la relation à soi du sujet comme présence à soi. Foucault ne parlant jamais d’ épochè ou de réduction (ni d’ailleurs de réflexion), mais plutôt d’attention, en lien avec le souci de soi, la pratique de soi, ou encore l’exercice, il semble que les concepts méthodiques husserliens, ou toute philosophie réflexive résiduelle, ne peuvent que faire écran à l’intuition immédiate du sens de l’expérience et doivent être évités au profit de termes plus sobres et d’emblée intelligibles comme l’attention, le souci et le soin.