Abstract
Étroitement liée à son exégèse du premier verset de la Genèse, qui inaugure le surgissement du temps, et à l’exégèse patristique, en général, qui promeut l’explication typologique ou anagogique de la Bible, la réflexion augustinienne sur le temps prétend répondre à la double aporie de l’éternité du temps ou du non-être du temps, à travers une expérience marquée par la méditation sur l’oeuvre de Dieu dans le temps: le temps universel de la création et de la rédemption, le temps personnel de la conversion et de la confession, le temps collectif de l’Empire et des sociétés humaines. De la mémoire au désir, la distentio animi fonde la définition augustinienne du temps, rationnellement, en dilatant le présent vers le passé qui n’est plus et l’avenir qui n’est pas encore, éthiquement, en exprimant la souffrance de l’âme dispersée dans la «région de dissemblance». L’enjeu ultime du temps est alors la conversion, qui fixe le désir de l’homme sur l’avènement d’une cité hors du temps à travers une histoire qui promeut une vision intérieure de la citoyenneté comme instrument de salut individuel et collectif