Abstract
Il y a dans l’œuvre de Kierkegaard un rôle fondamental joué par une mémoire religieuse. Cette mémoire s’oppose autant à la fugacité d’une vie d’esthète qu’à l’engagement éthique : elle est une présence angoissante, nous faisant vivre un temps discontinu, qui articule la vie sensible à l’éternité, qui repose sur une liberté soucieuse, sur l’angoisse fondamentale du péché. Cette mémoire prend souvent la forme du repentir : nous devons vivre dans le ressouvenir permanent de la faute, comme un fardeau que nous traînons toujours avec nous. La parole de Dieu doit éveiller en nous le sens du péché, être en nous comme une écharde dans la chair et donner toute sa force à une mémoire subjective.