Abstract
La contribution de Schelling à l’esthétique aura d’abord consisté à en récuser l’appellation et le projet, expressément rattachés à la science du beau fondée par Baumgarten, parce que l’art n’est pas essentiellement axé, à ses yeux, sur le sensible, mais sur une beauté élevée au-dessus de toute sensibilité. La philosophie de l’art a pour tâche de présenter la philosophie universelle sous la puissance de l’art, de construire l’univers sous la forme de l’art. La généalogie de l’art à partir de l’Absolu, en laquelle consiste une telle construction, en est aussi la reconstitution, dans l’horizon marqué d’historicité d’une théogonie (ou histoire des dieux) où l’apparition des dieux signale l’avènement de la forme. Dans quelle mesure la philosophie de l’art de Schelling demeure-t-elle comme une écharde dans la chair de l’esthétique? Est-on fondé à parler d’une réception à son propos? On posera ici quelques jalons.