Abstract
Cet article présente une analyse croisée des contributions de Karl Marx et de Joseph Schumpeter sur la question des classes sociales. Les divergences que nous soulevons portent sur deux questions, la première nourrissant la seconde. Les deux auteurs reconnaissent tous deux l’existence de classes sociales fondées sur la hiérarchie et la discipline. Marx les conçoit sous l’angle du conflit porteur d’un changement visant à abolir la hiérarchie de classe, et de la sorte l’inscrit dans la nécessité d’une prise de conscience facilitant le passage d’une classe en soi objective à une classe pour soi subjective. De son côté, Schumpeter préconise un degré significatif de discipline propre à assurer le progrès dont est porteur le capitalisme. Ainsi, alors que Marx conçoit le capitalisme comme un mode transitoire d’organisation sociale qui porte les germes de son déséquilibre et de sa disparition, c’est sous l’angle du déclin, via sa bureaucratisation, de l’innovation et donc du progrès, que Schumpeter envisage la fin programmée du capitalisme.