Abstract
La pensée éthique et anthropologique de Paul Ricœur fournit des éléments qui permettent de retrouver et d’assurer un échange équilibré entre les trois passions fondamentales de l’homme, le pouvoir, l’avoir et le valoir, et par le fait même, entre le politique, l’économique et l’éthique. Notre hypothèse de lecture est que le rôle d’articulation assigné par Ricœur à la dimension éthique, comme point d’intersection de l’économie et de la politique, pourrait apporter un nouveau dynamisme à la réflexion philosophique, pour penser le phénomène actuel de l’exaltation de la variable économique, comme facteur déterminant unique de la réalisation de la vie humaine. Pour faire cette analyse, nous reprenons l’idée développée par Ricœur dans Histoire et Vérité en 1955 du « paradoxe politique », dû à sa fécondité pour penser, analogiquement, le « paradoxe économique » qui reposerait sur une autonomisation excessive de la rationalité économique menant à une exaltation disproportionnée de la passion de l’avoir, dans ses rapports à celles du pouvoir (politique) et du valoir (éthique).