Abstract
Certaines critiques décoloniales des concepts d’hybridation, de pensée-frontière et de métissage mènent parfois sur le terrain des surenchères identitaires. Certaines analyses affirment que le capitalisme néolibéral ferait son miel des concepts contestataires d’anthropophagie politique qui ont animé la pensée décoloniale brésilienne, d’Oswald de Andrade à Suely Rolnik. Mais, dit Giuseppe Cocco, « le capitalisme contemporain n’est pas anthropophage, il est parasitaire » : s’il aime le métissage, ce n’est pas pour l’assimilation de l’autre, mais pour son extraction sans partage ; il n’est pas une anthropophagie (manger l’autre, et se laisser changer par lui), mais une anthropoémie (le vomir). Ce pourquoi il reste d’actualité de cannibaliser le décolonial.