Dialogue 39 (1):167-169 (
2000)
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Abstract
Depuis son important Hegel ou Spinoza publié en 1979, Pierre Macherey s'est progressivement imposé comme l'une des figures les plus importantes du renouveau spinoziste. La publication de cinq volumes d'Introduction à l'Éthique de Spinoza aux Presses Universitaires de France de 1994 à 1998, dont celui-ci est l'avant-dernier, confirme sa place désormais proéminente parmi les grands interprètes français. Or Macherey nous assure dans son introduction ne justement pas vouloir imposer une «interprétation», qui viendrait se superposer à la lettre de ce qu'écrit Spinoza, mais bien au contraire ouvrir, à partir d'une étude littérale de l'Éthique, un champ d'interprétation dont il se contenterait d'indiquer les bornes. Et ces bornes, certes, apparaissent, car en mettant au clair ce que Spinoza a dit, il fait voir aussi ce qu'il n'a pas dit, et ruine ainsi systématiquement nombre d'interprétations erronées. De cette puissance de critique fondée sur une analyse lente et minutieuse du texte, Macherey tire finalement une assurance très grande qui donne à son commentaire un ton peut-être plus autoritaire qu'il ne l'aurait souhaité parfois, mais dont la cohérence d'ensemble renforce le pouvoir de persuasion. Et malgré l'impossibilité foncière de ne pas faire quelques choix d'interprétation dans un commentaire de ce type, ces tomes de Macherey ont réussi leur pari de rester des introductions à la lecture du texte lui-même, plutôt que des surtextes qui masqueraient leur source. Son commentaire du De Mente en particulier, la seconde partie de l'Éthique qui nous concerne ici, ouvre réellement à la lecture de ce qu'a écrit Spinoza, avec une rigueur remarquable.