Abstract
L'Essai sur les origines des connaissances humaines, publie en 1746, constitue une piece majeure dans l'histoire de la reception francaise de Locke, dont Condillac revise la methode et les resultats. Il montre le role des signes dans les progres de l'esprit humain; il interroge les circonstances concretes qui determinent ce processus; il radicalise l'entreprise reductionniste, en decouvrant la genese, non plus seulement des connaissances, mais bien des facultes. Cette tentative illustre une these capitale sur la solidarite des operations de l'ame et du materiau (sensible) auquel elles s'appliquent, qui oriente egalement la lecture des grands systemes classiques: c'est a l'aune de cet empirisme rigoureux, appuye sur la methode analytique, que Condillac discute (et parfois utilise) Descartes, Spinoza, Leibniz ou Malebranche. Ainsi l'auteur de l'Essai peut-il affirmer qu'il reforme, non seulement Locke, mais la metaphysique elle-meme, desormais limitee a la theorie de la connaissance: la prise de conscience des principes est toujours solidaire d'une reflexion de l'esprit sur son histoire.