Vie et praxis : le statut de l?organisme dans la Critique de la Raison dialectique
Abstract
« Tout se découvre dans le besoin [?] le besoin institue la première contradiction [?] avec l?organisme [?] le temps dialectique est entré dans l?être puisque l?être vivant ne peut persévérer qu?en se renouvelant » 1 . Dans la Critique de la Raison dialectique , besoin et organisme constituent les points de départ de l?exposition sartrienne de la praxis individuelle et donc, par suite, de l?exposition de la praxis historique concrète, saisie avec toutes ses déterminations. Or ce point de départ, qui permet de saisir la dialectique à son niveau pour ainsi dire le plus élémentaire ou abstrait, demeure vraisemblablement décisif pour la totalité du texte : bien après le Livre I de la Critique , le livre III, qui s?est hissé au niveau de la compréhension de la conflictualité et des luttes, se replace d?un bond au plan de l?émergence de la praxis ou de l?action ? au plan de la vie organique ? et conclut sa troisième section en réaffirmant que la détermination première de la praxis historique, c?est la nécessité de « sauver la vie », de perpétuer la vie 2 , nécessité liée au caractère indépassable de l?expérience de la rareté, c?est-à-dire du besoin. Cette boucle opérée dans l?exposition est certes caractéristique de la mise en ?uvre d?une rationalité dialectique, mais elle témoigne aussi de l?importance que Sartre accorde à la vie dans le déploiement de celle-ci