Abstract
Pendant un demi-siècle, la méthode appropriée en philosophie des sciences dans la tradition continentale était l'étude historique ; dans la tradition anglosaxonne, l'analyse logique. Ce clivage au sein du discours philosophique s'est grandement estompé de nos jours. D'une part, Kuhn a défendu la pertinence philosophique de l'histoire des sciences. D'autre part, Vuillemin et Gilles-Gaston Granger ont promu l'étude de la philosophie analytique et l'emploi de ses techniques logiques. Le rapprochement des deux traditions a pris encore une nouvelle tournure dans les derniers textes de Feyerabend et dans les travaux de Ian Hacking. Celui-ci associe délibérément les instruments historiques de l'école française avec les procédés logiques de l'école nordaméricaine. Quelle est la signification de ce rapprochement ? Quels problèmes fait-il surgir ? Quelles directions de recherche ouvre-t-il ? Telles sont les questions que nous aborderons par le biais d'une étude comparée de certains développements récents de la philosophie des sciences en France et en Amérique du Nord. For over half a century the continental tradition favored a historical method in philosophy of science, while the Anglo-American tradition promoted a logical method. In recent years this contrast has tended to lessen. On the one hand, there has been a growing interest since the 1970s in France for the analytic tradition, due to the pioneering studies of Vuillemin and Gilles-Gaston Granger. On the other hand, Kuhn has brought out the philosophical relevance of history of science. This tendency takes a new turn in Feyerabend's final texts as well as in the works of Ian Hacking. The latter deliberately combines the historical instruments of the French school with the logical techniques of the North-American school. How to understand this evolution ? What directions of research does it open up ? I address these questions by way of a comparative study of some recent developments in philosophy of science both in France and North America