Abstract
Que peut le bon sens comparé à ce que peut peut-être la connaissance scientifique ? Noam Chomsky a rappelé que le progrès des sciences a amené à se rendre compte que le bon sens, ou sens commun, pouvait se tromper de façon spectaculaire. La même chose n’est-elle pas susceptible de se passer en matière morale et politique ? Après tout, le sens commun un peu éduqué ne peut-il suffire pour nous procurer les lumières dont nous avons besoin pour l’action ? Pierre Bourdieu était évidemment convaincu que la connaissance procurée par les sciences sociales est finalement la seule qui soit susceptible de nous permettre de comprendre réellement les mécanismes qui engendrent l’inégalité, l’injustice, l’oppression, etc. [Jacques Bouveresse se souvient] d’avoir pris la défense de Noam Chomsky, au moins une fois, devant Bourdieu, parce que Chomsky avait écrit que comprendre comment opèrent ces mécanismes d’assujettissement et d’oppression qui engendrent l’inégalité et l’injustice n’est pas très difficile ; il suffit d’un peu de bon sens, de psychologie – et de cynisme, ajoutait-il