Abstract
Near the end of his 1993 Specters of Marx, Jacques Derrida makes a subtle appeal to a “materialism without substance: a materialism of the khôra for a despairing ‘messianism.’” Here, I investigate the hardly suspected role of this materialism in the emergence of Derrida’s early notion of différance. I begin by outlining and explicating for the first time Derrida’s unpublished 1961 khōra interpretation. I then track its implicit convergence with Derrida’s 1962–64 engagement with messianic eschatology, followed by the repetition of this configuration in 1964–66, in order to draw out the significance of khōra and the messianic in the emergent articulation of différance. Remarkably, at the moment in which Derrida developed the major initial gestures of deconstruction, this configuration was before him—both devant and avant—such that a deconstruction responsible for the conditions of its own inscription would have to come to articulate this materialism. / Vers la fin de Spectres de Marx (1993), Jacques Derrida fait un appel subtil à un « matérialisme sans substance : un matérialisme de la khôra pour un “messianisme” désespérant ». J’examine ici le rôle à peine soupçonné de ce matérialisme dans l'émergence de la première notion derridienne de différance. Je commence par esquisser et expliquer pour la première fois l’interprétation derridienne inédite de la khōra de 1961. Ensuite, je poursuis sa convergence implicite avec l’engagement derridien avec l’eschatologie messianique en 1962–64, suivi de la répétition de cette configuration en 1964–66, afin de faire ressortir l’importance de la khōra et du messianique dans l’articulation émergente de la différance. Remarquablement, au moment où Derrida a développé les premiers gestes majeurs de déconstruction, cette configuration était vor lui—à la fois devant et avant—telle qu’une déconstruction responsable des conditions de sa propre inscription devrait venir articuler ce matérialisme.