Abstract
On cherche à mettre en perspective les divers ouvrages généraux de Geneviève Rodis-Lewis sur Descartes, « ses » Descartes, qui se reprennent et se corrigent sans se répéter ni se contredire, avec les trois images de Descartes qui dominent les études cartésiennes en France autour des années 1950 : « les » Descartes de Gouhier, d'Alquié et de Gueroult. La notion de développement semble un trait commun à l'objet étudié et à la méthode mise en œuvre pour l'approcher. 1 /Le Colloque de Royaumont fait passer G. Rodis-Lewis d'une « petite querelle » avec P. Mesnard sur l'ordre des passions de l'âme à la « grande querelle » sur l'essence de la pensée, comme purement intellectuelle ou comme activité de la volonté. M. Gueroult, tout en le rejetant comme leibnizien et non cartésien, reconnaît l'importance de l' « embryon de conscience » mis en valeur par G. Rodis-Lewis. 2 / Désormais, elle ne cessera d'approfondir l'enquête sur « la première métaphysique de Descartes », celle de 1628-1630, méconnue à la fois par ceux qui refusent avec Gueroult tout ordre chronologique et par ceux qui le réduisent avec Alquié à une évolution unilatérale, les uns et les autres manquant ainsi le développement de la pensée de la liberté. 3 / On termine par le fragment du manuscrit Cartesius, que G. Rodis-Lewis a retraduit et dont elle a, la première, sinon la seule, dégagé l'importance. Sans se confondre avec la double définition de la liberté de la Méditation IV, ce passage l'anticipe et « il est difficile de se défendre de l'impression que voilà rembryon d'où sortira la pensée métaphysique de Descartes ». We try to put into perspective the various general books on Descartes by Geneviève Rodis-Lewis, her Descartes which are alluded to one another and are corrected without repetition or contradiction, with the three images of Descartes which are the most important of the Cartesion studies in France around the 1950's : Gouhier's, Alquie's and Gueroult's Descartes. The notion of development seems to be a common feature of the studied object and the method used to tackle it. 1 /Royaumont's Colloquium makes G. Rodis-Lewis pass from a « little quarrel » with P. Mesnard about the order of the passions of the soul to the « great quarrel » dealing with the essence of thought as purely intellectual or as an activity of the will. M. Gueroult, while rejecting the « embryo of conscience » emphasized by G. Rodis-Lewis as Leibnizian and non Cartesian, admits its importance. 2 /From then on, she kept on studying thoroughly the search for « Descartes' first Metaphysics », dated back to 1628-1630, unrecognised both by those, like Gueroult, who reject any chronological order and by those, like Alquié, who reduce it to a unilateral evolution, both of them thereby missing this way the development of the thought of freedom. 3 / We finish with the part of the Cartesius manuscript that G. Rodis-Lewis translated again. She was the first one, if not the only one, to show its importance. Without its being confused with the double definition of freedom of Meditation IV, this passage anticipates it and « it is difficult to avoid the impression that this is the embryo from which Descartes' metaphysical thought will emerge ».