Abstract
En 1723, la Charte fondatrice de la Grande Loge de Londres donne à l'ordre Maçonnique pour projet de devenir le « centre de l'union et le moyen de nouer une amitié fidèle parmi des hommes qui sans cela seraient restés à perpétuelle distance ». De cette aspiration à relever Babel procèdent les tentatives pour cartographier la République maçonnique, mettre sur pied un réseau de correspondance et une langue véritablement universels - ce dernier chantier menant à l'espéranto. L'ordre Maçonnique a décliné tout au long du XVIIIe siècle cette utopie planétaire sur le mode d'une véritable citoyenneté de la République maçonnique avec son passeport, ses droits et ses devoirs. Puis il a dû répondre aux formidables bouleversements issus de 1789 et de l'éveil des nationalités, en s'orientant vers une conception plus engagée de la République universelle des francs-maçons, sensible aux idées libérales et à lémancipation des peuples, au risque de donner des arguments à ses détracteurs, qui lui reprochent de se rendre coupable d'un crime d'indifférenciation.