Abstract
The question whether Fichte was or not Platonist is not to be considered harmless. This is first and foremost a question that Fichte asks himself in front of his students during his Lecture on Ethics at the University of Berlin. In this way Fichte pretended to clarify a point that he considered decisive for characterizing his conception of ethics. Thus, the question of his Platonism no longer concerns his knowledge nor his interpretation of Plato, but rather his manner and reasons for referring to him. In the following pages I try to identify the features and stakes of Plato’s image in Fichte’s texts. In this way, my aim is at identifying the function that the reference to Plato deploys in Fichte’s arguments. That means to elaborate an ethic to be thought over the formalism that Fichte imputed to Kant. From this angle,,Plato‘ becomes to all effects a,conceptual person‘ allowing Fichte to forge a singular concept, that of,Vorbild’. My thesis is finally that Fichte’s Platonism enigma – or the deepest meaning that we can attach to this question – is recovered by that concept. The Vorbild is the keystone for a new conception of ethics, which Fichte elaborated under the name of,superior morality‘.La question de savoir si Fichte a été ou non ‘platonicien’ ne peut pas être considérée comme anecdotique. Déterminer s’il a été ou non platonicien, c’est avant tout une question que Fichte se pose lui-même devant ses étudiants, durant le cours de La Doctrine de l’éthique à l’Université de Berlin. Ce questionnement de sa part nous intéresse ici parce que, par ce biais, Fichte veut éclaircir un point qui est à ses yeux décisif pour caractériser sa conception de l’éthique. Ainsi, la question de son platonisme ne porte plus sur ses connaissances ou son interprétation de Platon, mais plutôt sur sa manière et sur ses raisons de s’y référer. Dans les pages suivantes, nous tâcherons de cerner les traits et les enjeux de l’image de Platon dans les textes de Fichte.Nous voulons ainsi dégager le rôle que la référence à Platon joue dans ses argumentations en vue de l’élaboration d’une éthique qui puisse être pensée par-delà le formalisme que Fichte impute à Kant. Sous cet angle, ‚Platon‘ devient alors un ‘personnage conceptuel’ permettant à Fichte de forger un concept singulier, celui de ‚Vorbild‘. La thèse que nous allons donc défendre est que l’énigme du platonisme de Fichte – ou bien le sens le plus profond que nous pouvons attacher à cette question – tient exactement au concept de Vorbild qui deviendrait, ainsi, la clef de voûte pour une nouvelle conception de l’éthique, élaborée sous le nom de ‘morale supérieure’.