Abstract
En 1983, Cedric J. Robinson introduit sous le titre d’une « tradition radicale noire », l’idée d’une généalogie spécifiquement africaine de la lutte contre l’esclavagisme, le capitalisme et l’impérialisme, distincte du marxisme européen. La pensée « afropessimiste»s’inspire d’Hortense Spillers pour mesurer les conséquences de la soustraction des Noirs aux ordres de l’humanité et de la subjectivité politique, en une violence qui convertit les vies africaines en chair. Le poète et théoricien africain américain Fred Moten revisite aujourd’hui ces pensées en inventant un « optimisme noir », qui entend faire valoir l’ambivalence et l’ambiguïté de la noirceur, soulignant ses potentialités particulières et désignant dans « la chair » une possibilité de formuler de nouvelles formes de vie.